Littérature française (France), Livres

Inoubliables de Fabien Toulmé

Inoubliables de Fabien Toulmé

Éditeur : Dupuis
Pages : 32 pages
Parution : 128 Septembre 2023
Genre: Témoignage

 

L’histoire:

Chacun d’entre nous vit, a vécu ou vivra des moments inoubliables, ces petits ou grands points de bascule qui dessinent le destin d’un être humain. Ces moments émouvants, révoltants, dramatiques ou inattendus, mais toujours précieux et émouvants, Fabien Toulmé est allé les chercher pour nous. En Europe, en Amérique latine ou en Afrique, dans de nombreuses couches sociales et autant de tranches d’âge, il a récolté des témoignages universels. De l’enfant gobée par une secte à un récit d’exfiltration du Rwanda, en passant par une histoire d’amour incroyablement compliquée ou le destin judiciaire surprenant d’un jeune de cité dunkerquoise, ces rencontres vous interpelleront, vous parleront.

 

Mon avis:

Ce roman graphique met en scène six histoires vraies de personnes qui ont confié à l’auteur les difficultés qu’elles ont connues pendant leur enfance, et comment elles les marquent aujourd’hui.

Entre un enfant qui a assisté au génocide au Rwanda, un autre qui a été embrigadée dans une secte avec sa famille, des amours retrouvées, un enfant qui tombe dans la délinquance, ou une jeune fille qui a subi un viol… autant dire que les témoignages recueillis sont choquants. Aujourd’hui adulte, on voit comment ils ont su surmonter ces épreuves. L’auteur les raconte avec une grande délicatesse envers ces personnes qui se sont livrées à lui, mais aussi pour nous lecteur. Ils ont tous réussi à se libérer de leur passé et arrive à en parler. L’impact est certes fort et le chemin a été plus ou moins long à parcourir, mais ils ont réussi.

Cette bande dessinée a une grande dimension psychologique. Je pense que le message général est l’importance de notre passé. Il agit sur notre vie d’aujourd’hui, que l’on est vu ou subit quelque chose. Mais, on peut tous réussir. Comme indiqué dans le résumé, il y a en effet une histoire qui m’a plus parlée que les autres.

Du côté des illustrations, elles sont très simples et chacune a son code couleur. On passe du rouge-vert, jeune-bleu, vert-orange… J’aime beaucoup cette humilité mise dans les traits. D’ailleurs, sur la couverture de ce roman graphique, les six récits sont représentées par une illustration chacune (sans le code couleur).

Enfin, je finirais cette chronique par aucune note. Tout simplement puisque ces témoignages ne me le permettent pas.

Littérature anglaise (Angleterre), Livres, Young adult

De larmes et d’écume de Stéphane Michaka

De larmes et d'écume de Stéphane Michaka

Éditeur : Pocket Jeunesse
Pages : 400 pages
Parution : 8 Juin 2023
Genre: Historique

 

Résumé :

Une des énigmes les plus obsédantes du XIXe siècle !

Un naufrage légendaire.
Une jeune femme disparue.
Une enquête haletante.
Un voyage inoubliable…

Londres, 1884. Le jeune ” Spotty ” Finch fait ses premiers pas à la City auprès de Basil Huntley, un enquêteur obsédé par les naufrages. Quand un vieux corsaire leur apporte le journal d’une passagère clandestine de la Mary Celeste, goélette retrouvée douze ans plus tôt sans personne à bord, la tentation de résoudre l’énigme est irrésistible. D’autant que cette passagère pourrait bien être Elsie, l’amour de jeunesse de Basil… L’enquête commence, et le récit nous embarque dans une traversée inoubliable.
Entre amour impossible, aventure maritime et enquête palpitante, l’histoire de Spotty, Basil et Elsie ne laissera personne indemne !

(Inspiré de faits réels)

 

Mon avis :

A 17 ans, James Finch dit Spotty s’apprête à passer un entretien avec Basil Huntley pour rejoindre l’Atlantic Mutual, une des plus grosses compagnies d’assurances maritimes anglaises. Embauché au bureau des enquêtes, le nom de la Mary Celeste rend soudainement livide son patron. Et pour cause, voilà 11 ans que cette goélette a été retrouvée au large des Açores sans aucun de ses passagers. Le mystère reste entier et personne n’a encore réussi à l’élucider.

Et pour Basil , cette enquête lui tient particulièrement à cœur. Il pense connaitre Elsie MacKentrick qui serait la passagère clandestine à bord de ce bateau. Mais comment après leur rencontre aurait-elle pu être dans ce navire qui partait des Etats-Unis ? Toutes les histoires horribles racontées sur Elsie sont-elles vraies ? Pourquoi ce bateau dérivé sans ses occupants, alors qu’il était toujours en état de naviguer ?… De nombreuses questions sans réponses demeurent. Spotty compte bien aider Basil a enfin savoir la vérité. Encore faut-il qu’elle soit accessible…

Pendant toute cette enquête, l’auteur sait nous tenir en l’haleine. On alterne entre le présent en compagnie de Spotty et de Basil, aux souvenirs d’enfance de Basil et avec le journal de bord de la passagère clandestine. Guidé par des dates et une police d’écriture, on ne se perd pas. Le rythme est donné dès les premières pages. On se sent captivé par l’histoire. Les personnages sont aussi attachants. Plus j’en savais sur Elsie (par les souvenirs de Basil et par ses écrits), plus la jeune fille m’impressionnait par sa force de conviction et de caractère. Au fil des pages, on souhaite nous aussi en savoir plus sur ce qui est arrivé à la Mary Celeste.

D’ailleurs, ce roman s’inspire d’une histoire vraie. Cette goélette fait partie d’un de ces fameux navires que l’on appelle “les vaisseaux fantômes”. On retrouve de nombreuses références véridiques dans la narration, comme sa découverte par le bateau Dei Gratia, l’audience à Gibraltar et même la présence d’un grand romancier, qui m’a surpris et qui est vrai.

En bref, un très bon roman d’aventure qui m’a séduit et que je ne voulais plus lâcher !

Jeunesse, Littérature française (France), Livres

La cascadeuse des nuages de Sandrine Beau

Éditeur : Alice Jeunesse
Pages : 151 pages
Parution : 26 Septembre 2016
Genre: Jeunesse, Historique

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L’histoire:

Elise Deroche est la première femme à obtenir son brevet de pilote d’avion en France et à concourir avec les hommes. A l’aube du 20e siècle, les femmes demeurent toute leur vie sous la tutelle de leur père ou de leur époux. Mais, fougueuse et frondeuse, Elise est avant tout une femme libre !

 

Mon avis:

Elise est une jeune femme en quête de liberté et qui n’a pas peur de dire ce qu’elle pense, au grand dam de ses parents. Alors, quand l’âge de sa majorité arrive, elle annonce qu’elle sera comédienne, qu’elle va vivre à Paris et étudiera aux Beaux Arts. Elle a tout planifié pour avoir enfin son indépendance et prendre ainsi sa vie en main. Sa rencontre avec son voisin Charles, ne la laisse pas indifférente. Au fil des échanges, il finit par lui montrer son avion: un biplan Voisin. Elise devient alors “la cascadeuse des nuages” et cela ne sera pas au goût de tout le monde…

Vive et impulsive, Elise croit au changement de la place des femmes dans la société. En 1910, les mouvements féministes gagnent de plus en plus en importance. Elle compte ajouter sa pierre à l’édifice en devenant la première femme à obtenir son brevet de pilote. Son compagnon Charles la guide du mieux qu’il peut, en lui inculquant des cours de pilotages. Dino, le mécanicien est ébahit devant les accomplissements de la jeune femme. Et son petit frère Anatole est bien sûr son premier supporter. Mais ces derniers vont devoir s’épauler pour soutenir Elise, qui est victime de médisances et de complots. Elise attire toutefois les curieux qui l’admirent et l’encourage.

Librement inspiré de l’histoire d’Elisa Deroche, j’ai apprécié découvrir cette femme. La construction de la narration est originale. A deux voix, on découvrir d’abord l’histoire grâce à Anatole, puis sous forme de carnet intime avec les mots d’Elise. Cela peut être déroutant au début, d’autant plus que certains évènements peuvent être racontés deux fois. J’ai trouvé le procédé original, mais il ne dynamisait pas l’intrigue parfois lente.

Aussi, j’aurais bien aimé trouver en fin d’ouvrage une biographie et quelques illustrations du biplan. Le livre parle d’un certain nombre de faits qui ont existé. Cela aurait été bien d’avoir toutes ces dates clés.

En bref, une bonne lecture qui nous permet d’en apprendre plus sur Elisa Deroche et sur la vie des femmes au début du XXème siècle

 

Qui était Elisa Deroche, la première femme au monde à avoir obtenu son brevet de pilote-aviatrice ?

Connue sous le pseudonyme de baronne Raymonde de Laroche, Elisa Deroche est une actrice et aviatrice française née en 1882 à Paris.

Le 8 mars 1910, elle entre dans l’Histoire, en obtenant le brevet de pilote N°36 de la part de l’Aéro-Club de France. Charles Voisin, l’un des deux fondateurs du constructeur éponyme, est son professeur et ami intime.

Aviatrice de tous les temps, elle participe à beaucoup de meetings en France qu’à l’étranger. A Saint-Pétersbourg, elle obtient même les félicitations du tsar Nicolas II.

Au fil de sa carrière, elle obtient de nombreux prix et bât des records. 

Films

Emily

Acteurs : Emma Mackey, Fionn Whitehead, Oliver Jackson-Cohen
Réalisateur : Frances O’Connor
Genre: Historique

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L’histoire:

Aussi énigmatique que provocatrice, Emily Brontë demeure l’une des autrices les plus célèbres au monde. EMILY imagine le parcours initiatique de cette jeune femme rebelle et marginale, qui la mènera à écrire son chef-d’œuvre Les Hauts de Hurlevent. Une ode à l’exaltation, à la différence et à la féminité.

 

Mon avis:

Je commence cette chronique en vous prévenant que j’ai lu avant de voir le film, un certain nombre d’avis négatifs. Je savais donc en le voyant que ce n’était pas un biopic, mais plutôt une libre interprétation de la vie d’Emily Bronte, imaginée par sa réalisatrice Frances O’Connor.

Emily est plus réservée que ses sœurs, Charlotte et Anne. Son père, le pasteur du village, la pousse à faire des études à l’université. Ni trouvant pas sa place, elle reste à leur domicile où son frère Branwell y passe de temps en temps. Tout de même, elle est sommée de suivre des cours avec le vicaire, William Weightman. Une relation qui s’avouera très intense…

Grande auteure en devenir, les décès de sa mère et de deux de ses sœurs marquent profondément la famille. L’ambiance gothique choisie, nous happe dès les premières minutes. Les décors sont sublimes, comme les costumes. Même si cette romance entre le vicaire William et Emily n’a pas existé, on se laisse prendre au jeu.

L’actrice Emma Mackey est impressionnante. Elle mène à merveille l’intrigue. J’ai aussi grandement apprécié le lien qui existe avec son frère Branwell. Un certain nombre de scènes sont touchantes et même époustouflantes. Plusieurs m’ont marqué et montrent bien l’imagination qu’Emily Bronte avait, ainsi que sa fougue. 

Bien que cette romance fictive occupe une grande place dans le film, ainsi que d’autres scènes quelques peu incongrues, j’ai tout de même passé un bon moment. La réalisation est de qualité, ainsi que l’interprétation bluffante d’Emma Mackey.  

Littérature américaine (Etats-Unis), Livres

Les monologues du vagin de Eve Ensler

Éditeur : Denoël
Pages : 112 pages
Parution : 8 Septembre 2005
Genre: Théâtre

 

L’histoire:

“J’ai décidé de faire parler des femmes, de les faire parler de leur vagin, de faire des interviews de vagins… Et c’est devenu ces Monologues… Au début, ces femmes étaient un peu timides, elles avaient du mal à parler. Mais une fois lancées, on ne pouvait plus les arrêter. Les femmes adorent parler de leur vagin.”

Depuis leur parution aux Etats-Unis en 1998, Les Monologues du vagin ont déclenché un véritable phénomène culturel : rarement pièce de théâtre aura été jouée tant de fois, en tant de lieux différents, devant des publics si différents… Mais que sont donc ces Monologues dans lesquels toutes les femmes se reconnaissent ? Il s’agit ni plus ni moins de la célébration touchante et drôle du dernier des tabous : celui de la sexualité féminine. Malicieux et impertinent, tendre et subtil, le chef-d’œuvre d’Eve Ensler donne la parole aux femmes, à leurs fantasmes et craintes les plus intimes.

 

Mon avis:

Parler de sexualité féminine et du corps féminin reste un sujet tabou à tout âge et dans de nombreuses cultures. Une vingtaine de monologues nous livrent les témoignages de nombreuses femmes en donnant la parole à leurs vagins, leurs émotions et leurs histoires.

D’un texte à l’autre, on peut rigoler, être horrifié, être émue ou se reconnaitre. De la jeune femme qui découvre son corps, qui a ses premières règles, qui découvre comment se faire plaisir, qui a ses premières relations sexuelles… aux examens gynécologiques et à la mise au monde d’un premier enfant, il y a un certain nombre de témoignages qui nous parlent personnellement. Mais il y a aussi ceux qu’on ne souhaiterait ne jamais connaitre…  Les violences sexuelles et les mutilations génitales sont nombreuses. Aujourd’hui, les chiffres sont toujours aussi choquants (à lire ci-dessous).

Ces monologues sont certes courts, certains juste une page, mais des messages divers et variés sont passés. J’ai grandement apprécié cette lecture, qui a pu me révolter par moment. Entre humour, poésie, fait véridique, j’ai aimé le changement de style d’écriture que nous offre l’auteure. L’avant propos rédigé par Gloria Steinem est tout aussi intéressant.

Je ne peux que vous recommander cet ouvrage, qui nous livre un ode à la féminité, à la découverte du corps féminin, engagé et féministe. A mettre entre toutes les mains !

  • Quelques chiffres des violences sexuelles et mutilations génitales en 2021 en France 
  • 94 000 femmes majeures déclarent avoir été victimes de viols et/ou de tentatives de viol sur une année. Parmi elles, 62 000 déclarent avoir subi au moins un viol. 9 victimes sur 10 connaissent l’agresseur. (Source: INSEE)
  • 77 000 victimes mineures et majeures de violences sexuelles ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie en 2021 (plaintes, signalements, constatations transmis à l ’autorité judiciaire).
    Plus de la moitié (57 %) des victimes de violences sexuelles connues des forces de sécurité sont mineures. Parmi elles, 8 sur 10 sont des filles.
    Depuis 2017, le nombre de victimes de violences sexuelles (viols, agressions sexuelles
    et harcèlement sexuel sur personnes mineures et majeures) enregistrées sur une année
    par les forces de sécurité a doublé. (Source: Ministère de l’Intérieur)
  • 125 000 femmes adultes ont subi des mutilations sexuelles (Estimation des années 2010) Une loi a été votée le 11 décembre 2013 pour la condamnation pénale des mutilations sexuelles féminines en France et dans le monde. (Source: Santé Publique France)
Séries

Lidia fait sa loi (La Legge di Lidia Poët – Netflix)

Acteurs : Matilda De Angelis, Eduardo Scarpetta, Pier Luigi Pasino, Sara Lazzaro, Dario Aita
Réalisateur : Guido Iuculano et Davide Orsini
Audio : Français
Durée : 140 minutes
Genre: Historique, Policier

 

L’histoire:

Dans ce drame historique captivant, Lidia Poët enquête sur des meurtres et lutte pour exercer le droit.

Inspiré de l’histoire vraie de la première femme avocate d’Italie.

 

Mon avis:

Mini-série en 6 épisodes inspirée de la vie de la première avocate italienne, Lidia Poët, on suit notre héroïne tout juste proclamée avocate, puis révoquée et devenant l’assistante de son frère Enrico Poët.

Femme forte et courageuse, elle souhaite montrer à tous, qu’elle est capable de mener une enquête et la résoudre afin d’innocenter ses prévenus. Et les mystères à élucider sont nombreux, que ce soit dans cette société italienne du XIXème, ou pour la famille Poët. Chaque épisode nous présentent une nouvelle enquête, et le moins que l’on puisse dire et que la jeune femme ne passe pas inaperçue. Au fur et à mesure, nous faisons connaissances avec les autres personnages principaux. Il faut dire que son frère Enrico fait pale figure par rapport à elle. Il lui manque clairement sa force de conviction et son engagement. Jacopo son beau-frère et journaliste, nous intrigue et autant le dire à juste titre. Et pour les autres membres de la famille Poët, ils sont à la fois touchant et agaçant !

Au fil des épisodes, on ne peut que s’attacher à Lidia. Impressionnante, elle solutionne chaque énigme criminelle avec cœur. Bien construite, on reste en suspense comme elle jusqu’au bout.  L’actrice est convaincante et joue très bien le rôle de cette femme féministe et engagée. L’intrigue de certains épisodes soutiennent d’ailleurs le parcours de vie de femmes combattantes et indépendantes.

Les décors et les costumes nous transportent directement au XIXème siècle. Le hic est la musique… Comme avec la série Bridgerton, le choix a été d’apporter une touche de modernité. Ici, pas d’adaptation de grands titres en version classique, mais l’insertion de morceaux bien rock ! Même si j’apprécie grandement cette musique, c’est ma seule déconvenue… Bon je vous rassure, cela n’arrive pas souvent : le générique de fin et des fois dans l’intrigue. Et autre point commun avec Bridgerton, les passions amoureuses et sexuelles de notre héroïne sont filmées avec son amant et un autre personnage.

En bref, une mini-série rythmée et engagée qui nous montre le parcours d’une femme féministe et ô combien courageuse.

  • Qui était Lidia Poët ?
    Première femme avocate italienne, elle fut révoquée quelques mois plus tard, en 1884. La Cour de cassation estime que la profession d’avocat est réservée aux hommes, et qu’elle n’a pas d’autorisation maritale puisqu’elle est célibataire. Néanmoins, elle peut exercer le droit et se fait embaucher dans le cabinet de son frère. Elle s’engage dans la défense des droits des mineurs, des personnes marginalisées, des prisonniers et des femmes. Pionnière de l’émancipation des femmes, elle œuvra pour l’abolition de l’autorisation maritale, deviendra la présidente du comité pro-vote des femmes, permis la création de tribunaux pour enfants de la sanction à la réinsertion et soutiendra le droit de vote ou encore l’égalité des sexes. A l’âge de 65 ans, Lidia Poët entre finalement au barreau, devenant officiellement avocate.