Bande dessinée, Littérature belge (Belgique), Livres

Emma G. Wildford de Zidrou et Edith

Emma G. Wildford de Zidrou et Edith

Éditeur : Soleil (Noctambule)
Pages : 104 pages
Parution : 22 novembre 2017
Genre: Aventure

 

L’histoire:
Il y a quatorze mois, son fiancé, Roald Hodges membre de la National Geographic Society a embarqué à bord du Kinship en direction de la Norvège, et depuis… elle est sans nouvelles de lui. Elle questionne régulièrement les autres membres, en vain. Avant de partir, Roald a confié à Emma une mystérieuse enveloppe à n’ouvrir que dans le cas où il lui arriverait malheur. Réfutant cette éventualité, elle décide de tout quitter sa vie, son confort, l’Angleterre pour se rendre en Laponie. Et en chemin, elle va peu à peu perdre ses certitudes… Plus qu’une quête à la recherche de son fiancé, Emma va vivre une véritable quête personnelle.
 

Mon avis:

Eté 1920, deux sœurs s’ennuient de leur situation. L’ainée, Elizabeth, a quitté Londres pour passer sa grossesse au calme. La cadette, Emma, n’a toujours pas de nouvelles de son fiancé, parti à la conquête du tombeau de Dolla en Laponie. Elle décide alors de prendre les choses en main et de partir à sa recherche. Une aventure qui va se révéler bien différente de celle qu’elle attendait…

Après une traversée à bord d’un ferry qui l’a amenée jusqu’à Tromso en Norvège, elle rencontre un membre de la Royal Geographical Society qui va l’aider dans son expédition. Une fois l’itinéraire établi à partir des notes de son fiancé, le voyage commence. Forte de caractère et entreprenante, Emma en inquiète plus d’un. Partir seule, en compagnie d’un homme inconnu et pour l’extrême nord sous la neige, c’est impressionnant. Mais la jeune fille ne croit pas qu’il soit arrivé malheur à son compagnon et elle est prête à tout pour le retrouver. Auteure de poésie et ayant publié des ouvrages, ce sont sous quelques rimes que se déroule l’excursion jusqu’à la révélation.

Drame romantique, le dialogue a su me capter dès les premières pages. Depuis des mois sans nouvelles et dans des conditions extrêmes, on ne peut que penser au pire pour le fiancé d’Emma. Cette dernière n’y croit pas. En femme libérée, elle le prouve par ses idées et sa mentalité. Elle est bluffante et on finit par y croire un peu. L’écriture est fluide. La lecture est rapide. La fin a su m’étonner, je ne pensais pas du tout à cette situation.

La conception du livre est superbe. Un véritable livre objet avec une double couverture fermée par des aimants. Une fois ouverte, on accède au roman avec en plus des éléments insérés en accès libre. Au fil des pages, on retrouve la fameuse lettre dans son enveloppe que l’on peut lire en entier, ou une photo et un ticket d’embarquement. Du coté des illustrations, je les ai appréciée sans avoir de coup de cœur. Le travail est très soigné et en concordance avec le récit. Les émotions sont passées.

En soit, une belle lecture en compagnie d’une héroïne forte et courageuse qui va vivre une aventure riche en rebondissement.

note 4 étoiles

Bande dessinée, Littérature française (France), Livres, Mes coups de cœur

La ride de Simon Boileau et Florent Pierre

La ride de Simon Boileau et Florent Pierre

Éditeur : Dargaud
Pages : 108 pages
Parution : 21 avril 2023
Genre: Contemporain, Humoristique

 

L’histoire:

Une « ride » – à prononcer (“raïde”), bien sûr ! – c’est une balade en vélo.
Simon et Florent racontent la première impulsion, celle qui donne envie de larguer les amarres (pour une durée déterminée) et expérimentent qu’ « on ne fait pas un voyage, c’est le voyage qui nous fait », comme l’a écrit l’immense écrivain voyageur Nicolas Bouvier.
Un voyage en vélo façon buddy movie et pieds nickelés, de Paris à la Bourgogne, le tout en 5 jours, c’est aussi une manière d’aborder le territoire différemment, et de se retrouver un peu au bout du chemin

 

Mon avis:

Simon est livreur à vélo et Florent s’apprête à rejoindre une agence de publicité. Las de leur quotidien, les deux amis rêvent d’aventure. C’est là que l’idée d’une « ride » de Paris à la Bourgogne, sur 500 km en 5 jours voit le jour. Du jour en lendemain, ils s’accordent une pause dans leur vie, dont ils ont bien besoin. Et c’est vers une belle virée riche en surprise, qu’ils vont pédaler intensément en se surpassant.

Au fil des kilomètres et la tête dans le guidon, nos héros ne se dérobent pas. La pluie, les villages déserts, les crevaisons… rien ne les arrêtent, même si des fois leur résilience est mise à rude épreuve. Leur voyage est rythmé, mais il leur offre des moments inoubliables et des rencontres dont ils ne seront pas prêts d’oublier. Physique et aussi mentale, cette escapade met en lumière une belle histoire d’amitié que les scénaristes partagent, ainsi que leur amour du vélo.

J’aime grandement les aplats de couleur qu’offre à cette bande dessinée une grande luminosité (parfait pour l’été !). Les dessins sont simples et on se plonge facilement dans ce moment d’évasion. La narration très fluide contient de nombreuses notes humoristes et des références au cyclisme. Dès les premières pages, j’ai explosé de rire et je savais que j’allais passer un délicieux moment de lecture.

Un road trip fun qui nous donne envie de pédaler et de découvrir notre patrimoine à la force des mollets.

note 5 étoiles

 

– Le vélo, c’est pas un loisir, c’est une quête indépassable, une discipline, un sacerdoce !
– Oui, ‘fin c’ est un peu un loisir quand même hein…

La ride de Simon Boileau et Florent Pierre extrait

Littérature française (France), Livres

Inoubliables de Fabien Toulmé

Inoubliables de Fabien Toulmé

Éditeur : Dupuis
Pages : 32 pages
Parution : 128 Septembre 2023
Genre: Témoignage

 

L’histoire:

Chacun d’entre nous vit, a vécu ou vivra des moments inoubliables, ces petits ou grands points de bascule qui dessinent le destin d’un être humain. Ces moments émouvants, révoltants, dramatiques ou inattendus, mais toujours précieux et émouvants, Fabien Toulmé est allé les chercher pour nous. En Europe, en Amérique latine ou en Afrique, dans de nombreuses couches sociales et autant de tranches d’âge, il a récolté des témoignages universels. De l’enfant gobée par une secte à un récit d’exfiltration du Rwanda, en passant par une histoire d’amour incroyablement compliquée ou le destin judiciaire surprenant d’un jeune de cité dunkerquoise, ces rencontres vous interpelleront, vous parleront.

 

Mon avis:

Ce roman graphique met en scène six histoires vraies de personnes qui ont confié à l’auteur les difficultés qu’elles ont connues pendant leur enfance, et comment elles les marquent aujourd’hui.

Entre un enfant qui a assisté au génocide au Rwanda, un autre qui a été embrigadée dans une secte avec sa famille, des amours retrouvées, un enfant qui tombe dans la délinquance, ou une jeune fille qui a subi un viol… autant dire que les témoignages recueillis sont choquants. Aujourd’hui adulte, on voit comment ils ont su surmonter ces épreuves. L’auteur les raconte avec une grande délicatesse envers ces personnes qui se sont livrées à lui, mais aussi pour nous lecteur. Ils ont tous réussi à se libérer de leur passé et arrive à en parler. L’impact est certes fort et le chemin a été plus ou moins long à parcourir, mais ils ont réussi.

Cette bande dessinée a une grande dimension psychologique. Je pense que le message général est l’importance de notre passé. Il agit sur notre vie d’aujourd’hui, que l’on est vu ou subit quelque chose. Mais, on peut tous réussir. Comme indiqué dans le résumé, il y a en effet une histoire qui m’a plus parlée que les autres.

Du côté des illustrations, elles sont très simples et chacune a son code couleur. On passe du rouge-vert, jeune-bleu, vert-orange… J’aime beaucoup cette humilité mise dans les traits. D’ailleurs, sur la couverture de ce roman graphique, les six récits sont représentées par une illustration chacune (sans le code couleur).

Enfin, je finirais cette chronique par aucune note. Tout simplement puisque ces témoignages ne me le permettent pas.

Bande dessinée, Littérature coréenne (Corée du Sud), Livres

La bicyclette rouge, tome 1 : Yahwari de Dong-Hwa Kim

La bicyclette rouge, tome 1 : Yahwari de Dong-Hwa Kim

Éditeur : Paquet
Pages : 140 pages
Parution : 21 Septembre 2005
Tome : 01/04
Genre: Contemporain

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L’histoire:

C’est tout simple : qui se sert d’un vélo au quotidien dans le monde d’aujourd’hui ?
Un facteur bien évidemment !
Vous lirez donc le récit des péripéties d’un facteur à la bicyclette rouge dans un village de Corée.
Il s’en passe des choses, pourvu qu’on se donne la peine de les observer.

Et ce facteur possède ce don, il est capable de recueillir de petits moments de privilège, au jour le jour.
Des personnes, des lieux, des situations, et beaucoup de lien, de chaleur humaine et de construction, voilà le contenu de l’ouvrage, contenu que je vous livre en vrac.
Avec ces petites histoires courtes (30 au total), l’auteur nous offre un témoignage de l’univers de son héros, gentiment, positivement.

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Mon avis:

Cette bande dessinée, ou sous son nom exact en coréen manhwa, nous livre quelques instants de vie d’un facteur circulant sur sa bicyclette rouge pour livrer le courrier aux habitants de Yahwari et des environs.

Nostalgie, humour, fantastique, poésie… chaque histoire est différente et touchante. Notre facteur (dont on ne connait pas le prénom) nous fait vivre ses rencontres ou nous livre ses pensées. On sourit en découvrant les noms des maisons (la maison jaune dans la verdure, la maison que l’on voit entre deux pins siamois, la maison où l’on se sent de mieux en mieux…) ou les noms de certains habitants (la mamie aux gros mots) ! 

Cette lecture est aussi comme un témoignage de l’importance qu’à pu avoir le courrier et le passage du facteur. Aujourd’hui, il y a le téléphone et les mails. Avant, le facteur apportait toutes les nouvelles (qu’elles soient bonnes ou tristes). Et les habitants étaient là pour lui. On le voit par exemple hébergé chez une habitante, puisqu’il pleut trop fort dehors. Et elle insiste pour qu’il reste manger ! Cela fait partie des histoires touchantes qui nous sont racontées au fil des pages, ou encore celle où il joue l’entremetteur entre un homme et une femme qui n’osent s’avouer leurs sentiments ! 

Les illustrations sont toutes en douceur. Minimaliste et en harmonie avec le texte, elles nous permettent aussi de sourire ou d’être un peu plus triste face à certains récits.

En soit, une lecture agréable qui se lit très vite et parfaite pour s’offrir un moment de détente.

note 3,5 étoiles

Il existe beaucoup de points communs entre un facteur et un conducteur de train.
Le train emmène les gens jusqu’à destination avec un billet…
La lettre est délivrée au destinataire avec un timbre.
Le train est un voyage physique que l’on ressent.
La lettre est un voyage mental que l’on réfléchit.
Le conducteur de train emmène les corps et le facteur emmène les cœurs…
Ils se ressemblent.

 

 

PS: Une réédition des quatre tomes existent depuis l’année dernière, avec un design des quatre saisons. Cela n’a strictement rien à voir avec l’intrigue !

Bande dessinée, Littérature française (France), Livres

La princesse de Clèves de Catel Muller, Claire Bouilhac et Madame de La Fayette

Éditeur : Dargaud
Pages : 216 pages
Parution : 29 Mars 2019
Genre: Classique, Drame

 

L’histoire:

Écrit en 1678 par Madame de La Fayette, “La Princesse de Clèves” est un roman fondateur. La jeune Mademoiselle de Chartres y fait ses premiers pas dans la cour du roi de France, Henri II. Entre cabales, médisances et galanteries, elle rencontre l’amour dans un univers pétri de conventions et retourne à son avantage les idéaux féminins stéréotypés de l’époque (la solitude, le silence, le secret, la retenue, la décence et la discrétion). Le récit propose ainsi une forme de féminisme inédit, dans laquelle l’estime de soi prévaut et la raison triomphe de la passion.

 

Mon avis:

En 1558, la jeune Mademoiselle de Chartres a tout juste 16 ans. Elle doit être présentée à la cour du roi Henri II. C’est à ce moment que le prince de Clèves tombe amoureux d’elle. Faisant face à de nombreuses pressions, la jeune femme accepte ce mariage et devient la princesse de Clèves. Peu de temps après, elle fait la connaissance du duc de Nemours, et des complots à la cour…

Adaptation du grand roman de Madame de La Fayette en bande dessinée, l’auteure Claire Bouilhac nous offre une version plus moderne. Elle met en scène l’importance de la place de la femme à cette époque et ses émotions trop souvent refoulées. Prise au piège entre le respect de ses valeurs morales et l’assouvissement de son désir envers le duc de Nemours, c’est dans un univers plein de tourments qu’avance la jeune princesse de Clèves. Au fil des pages, on éprouve de la pitié pour la jeune femme et aussi de l’admiration face à sa détermination. L’amitié, l’amour, le devoir, mais aussi la trahison, l’infidélité et la manipulation sont des thèmes qui évoluent au cours de la narration.

En prologue et en épilogue, c’est Madame de La Fayette et Monsieur de la Rochefoucauld qui s’exprime face à l’écriture de ce roman. Cette idée originale est écrite par Catel Muller. C’est à la fois surprenant et intéressant.

Concernant les illustrations, j’ai plus apprécié le travail de Claire où on ressent l’émotion. Je reste tout de même plus convaincue par l’histoire que par le graphisme. Tout de même, le diagramme en début de l’ouvrage est très intéressant pour nous rappeler qui et qui à cette époque.

En bref, un récit intéressant qui reprend les grandes lignes de l’œuvre originale, le tout en mettant parfaitement en scène notre héroïne au destin bien sombre.

Bande dessinée, Littérature française (France), Livres, Mes coups de cœur

Mémoires d’un cétacé d’Anne Defréville

Éditeur : Delcourt
Pages : 136 pages
Parution : 29 Mars 2023
Genre: Jeunesse

 

L’histoire:

Riche de détails sur la biodiversité marine, cet album nous embarque à la découverte des cétacés. Et si mieux connaître ces mammifères nous permettait de reconsidérer notre comportement vis-à-vis de l’océan ?

La Terre, dans un futur très lointain. Des cétacés archéologues déterrent le journal de bord d’un dauphin dans une strate de l’anthropocène. Au fur et à mesure des pages parcourues, ils approfondissent leur connaissance de la vie de leurs ancêtres et d’une époque (la nôtre) où les relations entre humains et cétacés passent de la fascination à la destruction et à la protection…

 

Mon avis:

Alors que le dérèglement climatique et que l’extinction de la biodiversité sont des sujets qui font de plus en plus l’actualité, ce roman graphique nous emmène quelques siècles plus tard quand l’humanité n’existe plus. On fait la connaissance de Globi, un globicéphale appelé aussi « dauphin-pilote », qui découvre un journal de bord d’un de ces ancêtres. Avec une grande expertise, il nous explique les mutations de notre planète.

Divisé en cinq parties, ce roman graphique nous informe et nous sensibilise sur les conséquences du dérèglement, nos agissements irresponsables et la nécessiter d’agir. Vulgarisé pour s’adresser à la jeunesse, le contenu est tout de même de haut niveau. On découvre énormément et les termes scientifiques sont conservés. On commence avec l’Amesia, soit le rapprochement prévu entre l’Amérique du Nord et l’Asie pour ne former qu’un seul continent. Puis la biologie, qui revient sur la disparition des dinosaures à nos jours. Autant dire que l’on apprend beaucoup d’information grâce à notre guide Globi. Ensuite l’écologie et l’éthologie, qui nous apprend énormément sur les moyens de communication entre les espèces et leur milieu de vie. Après le sujet sur l’écologie et la conservation est abordé. Une partie tout aussi passionnante qui évoque des sujets d’actualité, comme les lois visant à lutter contre la maltraitance animale, l’accord sur la conservation des cétacés, les multiples collisions et pratiques de pêche, la chasse à la baleine dans les pays européens… Enfin retour à Amesia pour parler de la pollution, des déchets, de l’anéantissement de certains animaux par la faute des êtres humains…

Richement documenté et même si le sujet peut être lourd, beaucoup de notes d’humour nous font passer un super moment de lecture et une sacrée prise de conscience. En plus de l’histoire qui nous est conté, certaines pages proposent une réalité augmentée. A l’aide de l’application de Delcourt, on a accès à des potcasts, des vidéos, des informations à lire supplémentaires et même des sons (pour entendre par exemple le chant des baleines, qui a d’ailleurs inspiré de grands compositeurs !)

Une expérience de lecture qui est un coup de cœur et pas que pour son contenu génial. Les illustrations à l’aquarelle sont toutes aussi superbes. Bravo Anne Defréville !

En bref, un roman graphique d’anticipation que je recommande, autant pour les petits que pour les grands !